samedi 14 octobre 2017

La diabolisation des Catalans s’avère inutile et injuste


Le référendum catalan du 1er octobre et la déclaration d’indépendance, le 10, immédiatement suspendue par le chef du gouvernement de la communauté autonome, Carles Puigdemont, ont suscité une forte médiatisation en France. Si quelques voix mesurées et nuancées ont pu se faire entendre, l’énorme majorité des prises de position développe un argumentaire dont nombre d’éléments tiennent peu compte de la réalité.
Le référendum n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel sans nuages. Cette crise était prévisible. Elle s’appuie sur la convergence entre un sentiment profond de la société catalane et un ensemble de faits récents.
La Catalogne se considère très largement comme une nation. Mais ce n’est pas un nationalisme borné et chauvin. Les Catalans sont des gens ouverts sur le monde, très favorables à l’Union européenne (UE) ; ils ne défendent en aucun cas un nationalisme de puissance, mais plutôt un nationalisme d’existence.
La force de ce phénomène a été décuplée par une séquence politique qui, depuis 2010, a vu le gouvernement espagnol enchaîner une invraisemblable succession d’humiliations et de manifestations d’autoritarisme.

Modération, esprit de nuance

Le nouveau statut d’autonomie de 2006, négocié avec l’Etat central, voté par les Parlements et ratifié par référendum, a été annulé en 2010. Les décisions qui ont suivi ont été invariablement hostiles à la Catalogne.
L’intransigeance, le caractère jusqu’au-boutiste des dirigeants catalans est le résultat direct de cette incroyable séquence. Appliquer l’article 155 de la constitution espagnole, c’est-à-dire suspendre de fait l’autonomie catalane, comme l’a proposé le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy au sortir du conseil des ministres extraordinaire du 11 octobre, ne serait qu’une étape de plus dans ce processus.
Non, les indépendantistes catalans ne sont pas des extrémistes. Le mouvement indépendantiste catalan occupe un spectre très large du champ politique. Convergència democratica de Catalunya (CDC), qui dispose du plus grand nombre de députés est un parti démocrate-chrétien. Il s’est allié pour le scrutin de 2015 avec un vieux parti républicain de centre gauche, l’Esquerra republicana catalana (ERC). Les deux se sont associés, pour avoir une majorité indépendantiste au Parlement catalan, avec un parti d’extrême gauche, la Candidature d’unité populaire (CUP). Mais la CUP ne représente que 8 % des voix de 2015 contre 40 % pour l’alliance CDC-ERC.
Faut-il insister sur le fait que des personnes universellement appréciées pour leur modération, leur esprit de nuance, leur engagement pour la paix comme le musicien et chef d’orchestre Jordi Savall, le coureur Kilian Jornet ou l’entraîneur de football Pep Guardiola, sont indépendantistes et le font savoir ?
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The demonization of the Catalans is useless and unjust
Jueves, 12 / Oct / 2017 Nicolas Marty The World
 
The Catalan referendum of 1 October and the declaration of independence on 10, immediately suspended by the head of the government of the Autonomous Community, Carles Puigdemont, attracted strong media coverage in France.
While a few moderate and nuanced voices have been heard, the overwhelming majority of pronouncements develops an argument, many of which take little account of reality.
The referendum is not a thunderclap in a cloudless sky. This crisis was predictable.
It is based on the convergence between a deep sense of Catalan society and a set of recent events.
Catalonia considers itself very largely as a nation. But it is not a narrow and chauvinistic nationalism. Catalans are people open to the world, very supportive of the European Union (EU);
they in no way defend a nationalism of power, but rather a nationalism of existence.
The strength of this phenomenon has been multiplied tenfold by a political sequence which, since 2010, saw the Spanish government chain an incredible succession of humiliations and manifestations of authoritarianism.


Moderation, spirit of nuance
The new autonomous status of 2006, negotiated with the central state, voted by the Parliaments and ratified by referendum, was canceled in 2010. The decisions that followed were invariably hostile to Catalonia.
The intransigence, the uproarious character of the Catalan rulers is the direct result of this incredible sequence. Applying Article 155 of the Spanish Constitution, that is to say suspending Catalan autonomy as proposed by the head of the Spanish government Mariano Rajoy on leaving the extraordinary Council of Ministers on 11 October,
one more step in this process.
No, the Catalan independantists are not extremists. The Catalan independence movement occupies a very wide spectrum of the political field. Convergència democratica de Catalunya (CDC), which has the largest number of deputies, is a Christian Democratic Party. He allied himself for the 2015 poll with an old center-left Republican party, the Esquerra republicana catalana (ERC). Together with the extreme left-wing party, the Popular Democratic Party (CUP), the two joined forces to form a majority in the Catalan Parliament.
But the CUP represents only 8% of the votes of 2015 against 40% for the alliance CDC-ERC.
Should we emphasize that people who are universally appreciated for their moderation, nuance, commitment to peace such as musician and conductor Jordi Savall, runner Kilian Jornet or football coach Pep Guardiola, are independentists and let it be known?

1 commentaire:

  1. Catalogne :Et si l'on essayait de comprendre les raisons de cette folle indépendance

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